MA GIGA LIFE (biographie non autorisée)
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mika1Ce fut dans l’horreur d’une profonde nuit du 23 Août de l’an de grâce 1963 que le petit Mykaïa Tramoni-Caparros commença à mourir.

Accouché par Mme Calvez, sage-femme de son état à la clinique du même nom (Clinique Calvez, pas clinique Mykaïa Tramoni-Caparros) il est communément admis que si le bébé fut le fruit des amours fougueux et jubilatoires des jeunes et beaux Josiane Tramoni et Emmanuel Caparros, ce furent plus les calculs foireux de ce bon Docteur Ogino Kyusaku que la volonté réelle des parents qui furent à l’origine de ce miracle de la vie.

Les fées Forceps et Episiotomie s’étant penchées sur le berceau du nourrisson, les exégètes philologues rapportent que le cri primal du bébé, (et qui devint la devise de toute une vie), fut « voglio ritornare nell’ buco !!! » (Il est à noter, selon une théorie très en vogue à la fin du siècle dernier chez certains éminents spécialistes de la linguistique structurale, que cet étonnant italianisme serait probablement dû aux origines corses du petit Mykaïa.).

mika2Entouré d’amour et d’affection, l’enfant grandit au milieu de l’école de danse classique de ses parents, et fut très tôt ébloui par le strass, les paillettes, la musique classique, les coulisses de théâtre, les tutus et autres collants en lycra roses moulants.

C’est à l’âge de 5 ans qu’eut lieu un événement décisif et crucial qui détermina le restant de son existence.

Le petit Mykaïa cessa de croire au Père Noël et se mit à croire au Père Lachaise.

Et le petit enfant continuait à progresser en sagesse et en développement physique et en faveur auprès de ses parents et des hommes, le tout en attendant sagement la fin du monde.

Comme elle s’obstinait à ne pas venir, ce fut l’apprentissage scolastique de l’autre, à travers des études communales, certes, mais ô combien moroses et flippantes à base de plumes Sergent Major, de pleins et de déliés à l’encre violette, d’interrogations écrites assassines, de tables de multiplication agressives, de récitations débilitantes et de coups de règles sur les pognes.

Si le salmigondis du Savoir lui paraissait somme toute fort abscons, très vite Mykaïa fut ravi à l’idée de se retrouver au milieu de compagnons d’infortune, ces êtres humains, ses frères de misère JulesFerrystes, ses autres soi-même…

mika3On allait enfin se comprendre, s’épauler et se réchauffer pour lutter contre le froid terrifiant du Grand Rien et du Petit Tout.

C’est les bras ouverts, le sourire aux lèvres, le cœur battant et débordant d’amour de l’Autre que le jeune pré-adolescent courut vers ses coreligionnaires de la seule religion idoine : s’aimer les uns les autres en attendant la mort.

Ces bouffées délirantes d’amour pour le genre humain s’arrêtèrent bizarrement au bout d’un an après le quinzième passage à tabac par 13 petits camarades de classe sous le préau de la cour de récréation.

C’est donc à 12 ans, fort de cette expérience enrichissante, comprenant que la communication paisible avec l’autre n’était pas à l’ordre des jours, que Mykaïa se bunkérisa dans sa chambre et entreprit de réinventer ce monde hostile et ingrat, et de le remodeler à son image.

Il caressa quelque temps l’idée de faire Dieu comme métier, mais précoce pour son âge, il comprit vite que ce genre d’emploi, s’il avait le mérite d’être flatteur pour son égo (tout aussi précoce), nécessitait quelques aptitudes à la transsubstantiation, voire même à la consubstantiation hors de sa portée, et que le seul miracle homologué le concernant était la multiplication des pains, certes, mais dans sa gueule, ce qui somme toute, chacun en conviendra, et lui en premier, reste assez léger quand on veut faire Souverain Tout Puissant de l’Univers.

mika4Il décida alors qu’il serait dessinateur de p’tits Mickeys.

Ainsi au moment où le jeune Mykaïa découvrait pêle-mêle, la jungle urbaine existentielle, son corps (il ne s’en remit jamais vraiment) et sa vocation de dessinateur d’art séquentiel, c’est dans les marges de ses cahiers d’écolier que fleurirent un flot envahissant de dessins empreints de cet humour grinçant, ironique et désabusé qui fera plus tard sa renommée, mais qui firent s’interroger à l’époque ses professeurs et sa famille sur la santé mentale du gamin qu’il fut.

Cela eut pour effet d’assombrir encore, si tant faire ce peut, ses relations avec l’institution chargée de lui bourrer la tête de choses diverses et variées en vue d’obtenir le Baccalauréat, divin sésame pour quitter enfin le Lycée Carnot, ancien couvent austère et humide, aux classes-cellules vétustes et surpeuplées qui servait d’établissement à l’Éducation Française, Nationale et Républicaine.

Le bac en poche, le jeune homme part à la conquête de l’Institution Académique des Beaux-Arts, bien décidé, par ce biais, à faire partie de l’élite plastico-artistique du 9ième Art, le bien nommé.

Quelle ne fut pas sa déception, quand le vieux barbon de service, le parangon tout-puissant, détenteur du Beau, du Vrai et du Savoir et accessoirement professeur de peinture de ce prestigieux établissement, lui asséna de façon péremptoire et à haute voix pour bien en faire profiter la cohorte de jeunes acolytes acnéiques ricanants présents :

« Mais Monsieur Mykaïa, sachez que faire de la bande dessinée, cela revient à baisser son pantalon et à déféquer, parfaitement, à faire caca !! (sic) ».

mika5Fort de cet enseignement fondamental (c’est le cas de le dire), Mykaïa réalisa avec effroi que si cet anathème scatologique était la vérité, ses velléités de devenir cador dans la figuration narrative iconique étaient fatalement vouées à l’échec et, du coup, son existence même (déjà fortement pénible à supporter) en tant qu’être humain était à réviser totalement.

Car, à part faire de la BD, que faire dans la vie ?

Décidé à ne pas se laisser aller à ses penchants maniaco-dépressifs, Mykaïa ne tint pas compte de cette funeste sentence et choisit le travail acharné pour constituer un press-book cohérent comme antidote aux glauques rivages romantico-suicidaires de sa jeunesse tourmentée.
Et comme disait sa mère : « C’est quand même mieux que d’aller au bistrot ! »

C’est grâce aux conseils avisés de quelques rares hommes altruistes et touchés par son talent débutant que Mykaïa progressa. Il put constater de visu et à sa grande joie, que l’homme n’est pas toujours un loup pour l’homme… En dehors des heures de repas, bien sûr…

Fort de ce maigre bagage, il allait enfin affronter le Saint des Saint, le Lieu Précis : Paris, la ville lumières aux ouvertures infinies et aux loyers faramineux.

Il connut la guerre saumâtre de l’humiliation quotidienne de ces gens plus ou moins aimables qui assuraient étudier les dessins avec toute l’attention voulue, qui assuraient de leur profonde admiration, qui avaient le pouvoir d’accorder, mais qui n’accordaient jamais…

Cette guerre épuisante face aux « c’est plutôt pas mal ce que vous faites, repassez nous voir à l’occasion-vous savez, si ça ne dépendait que de moi- et vous trouvez ça drôle ?-désolé, l’équipe est au complet. »

mika6Rien ni personne ne parvint à le décourager…

Il débuta comme dessinateur politique à l’hebdomadaire « Le Hérisson » où, quatre années durant, il passera au crible l’actualité politique.

Il a également travaillé pour « La Presse de Tunisie » où il signe ses dessins Tramoni-Caparros et pour de nombreux magazines et revues (« Amstrad CPC », « 60 Millions de consommateurs », « Joypad », « Réponse à tout », « La Grosse Bertha », « Siné hebdo », « La Mèche », « Le Monde », etc).

Entre deux voyages le long des rives méditerranéennes, il pose régulièrement ses bagages à Paris et travaille actuellement, entre autres, pour « Zélium », « Les éditions Lamy », « Siné mensuel », pour le Net (Rue 89, La TéléLibre.fr, Le Monde.fr) et dans les Médias (« Flash Talk » France Ô et LCP, « « Une semaine dans le monde » FRANCE 24, « 28 minutes » ARTE).

Mykaïa porte quotidiennement sur l’actualité son regard décalé et acéré teinté de dérision.

Il vise généralement, à travers son art, à faire réfléchir, à émouvoir ou encore à dénoncer, parfois même à provoquer : bref, à essayer de ne pas laisser l’indifférence, la bêtise crasse et les intégrismes de tous poils prendre totalement et définitivement le dessus.

La presse d’entreprise dans laquelle il dessine régulièrement lui permet d’exercer son humour grinçant sur l’univers du monde du travail.

On fait également appel à lui pour intervenir et dessiner en direct lors de séminaires d’entreprises ou à la télévision.

Il intervient, en outre, en tant que concepteur et storyboarder sur la scénarisation de campagnes de communication.

Il est membre actif (sic) de l’association Cartooning for Peace (conçue par le dessinateur français Plantu, cette association, née le 16 octobre 2006 au siège de l’ONU à New York en collaboration avec Kofi Annan, alors Secrétaire général de l’ONU, réunit les dessinateurs de presse les plus renommés au monde pour “désapprendre l’intolérance” et promouvoir une meilleure compréhension et un respect mutuel entre des populations de différentes croyances ou cultures avec le dessin de presse comme moyen d’expression d’un langage universel).
Mykaïa contribue régulièrement aux expositions et aux points de vue éditoriaux et pédagogiques développés par l’association.

Lors du 32ième festival de la Bande Dessinée d’Angoulême, il remporte le Grand Prix de la Communication en tant que concepteur scénariste storyboarder avec l’agence CORPORATE FICTION pour l’album « 24 heures sous tension » réalisé pour les laboratoires PFIZER.

Derniers ouvrages publiés :

  • 2011 : « Fragments fulminatoires d’une année d’actualité lacrymatoire »
  • 2012 : « Recueil existentiel sur une année d’actualité présidentielle »
  • 2013 : « In Memoriam»
  • 2014 : « Actuanalyse comportementale »
  • 2017 : « Petit reminder à l’usage du nouveau président »

En vente à l’adresse suivante : http://mykaia.fr/blog/boutique

C’est le 23 août 2043, après avoir étonnamment survécu à un divorce, 2 guerres de religions, 3 attentats terroristes, quelques radiations et un bon paquet d’épizooties diverses et variées, que Mykaïa mit fin à ses jours à l’hospice « Au joyeux CRDS » de la Maisons des Artistes (chambre 666) expira et mourut et fut réuni à ses ancêtres, vieux et pas vraiment totalement rassasié de jours, mais bon, un moment, basta, faut bien que ça s’arrête, ça commence à bien faire…

Depuis ce jour, sa dépouille repose au Père Lachaise (Secteur S.B.O.U.B 69).
Sur sa tombe, on peut lire en guise d’épitaphe :

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MYKAïA
(1963-2043)
DESSINATEUR-CONCEPTEUR
ECCLÉSIASTE chapitre 2 versets 10 et 11